Chaque fois que je me rendais au rez-de-chaussée de la rue des Petits Jardinets 5, Mina m’accueillait les bras ouverts et me serrait contre sa poitrine. Elle m’embrassait tendrement et me disait : Va vite dans la chambre. Regarde sous l’oreiller. Sous l’oreiller, il y avait un petit gilet de laine pour ma poupée. Une autre fois c’était une paire de chaussettes, puis un napperon et plus tard ce sera une chemise de nuit en coton pour la petite mariée.
A ma grand-maman Mina, laitière et tricoteuse d’objets.
Steve, mon premier amoureux, me rejoint dans ma chambre. Je lui présente Christine, cheveux nylons blonds et yeux de perles bleues. Christine, doit être urgemment opérée des doigts de pieds. Nous enfilons gants en cuir noir de ma maman, bonnets de bains caoutchoutés et tabliers de cuisine. Munis de cure-dents scalpels, de fourchettes et de pinces à linge chirurgicales, nous tentons l’Opération. Elle s’avère longue et périlleuse. Nous décidons l’amputation des dix appendices des pieds. Nous achevons l’Opération aux ciseaux. Nous fermons les plaies avec l’agrafeuse de papa, entourons soigneusement les deux bouts de pieds avec de la ouate et nouons le tout avec le linge de cuisine rouge. Ouf ! Christine est sauvée !
En souvenir de Christine, ma poupée préférée